BARR AWELL A PLOUMANAC’H 

Après les gros travaux qui ont eu lieu sur Barr Awell, la seconde sortie a été un condensé sur trois jours du plaisir qu’on peut avoir au long de nos côtes.
Convoyage vers Ploumanac’h, journée de parade jusqu’à Perros, puis retour au Sehar lundi : « On a eu du goût dame ! »

Nous avons eu des conditions idéales. Il est bien rare de bénéficier d’une si belle météo, même si le vent nous a un peu lâché samedi matin. Samedi et dimanche nous avons accueilli deux nouveaux membres savoyards : Dushita et Sylvain qui ont embarqué pour la première fois. Françoise, Jean-Yves et Marc ont commencé les présentations du bateau puis l’embarquement a commencé : Lorsque Marc a vu surgir du fond de la prame deux énormes sacs à dos auxquels étaient amarrés des bâtons de randonnée télescopiques il a failli avoir une attaque. C’est qu’il en a déjà vu des équipiers embarquer de grosses valises ! mais là, pardon, Barr Awell n’est pas une barge de débarquement ndd !… On lisait sur son visage les réflexions qui ne tardent pas à surgir dans ce genre de cas : « P….. de sacs »,
« Encore des touristes ! » – « Et je les mets où, ces sacs ? » – « Bon, faut rester poli et ne pas faire de réflexion déplacée » – « Surtout tu t’écrases et tu fais des sourires sincères ! »
-« Oui oui ,sincères Marco ! » –  » Soit pas idiot : toi aussi t’as été débutant… »
Il n’a pas eu le temps de craquer et de ronchonner sur le volume des parachutes : nos deux nouveaux et leurs sourires ont conquis tout le monde très vite. En fait, Dushita et Sylvain nous rejoignaient samedi, pour faire une pause bateau au beau milieu de leur longue randonnée pédestre. Ce motif et le fait qu’on ne pouvait guère laisser ces sacs à terre ont vite refroidi la bouilloire du Marco. Puis nous avons découvert ces deux charmants nouveaux qui se sont révélés très intéressés par le fonctionnement d’un vrai bateau à voile. Quelques questions discrètes sur le mal de mer nous ont révélé que Sylvain subissait, à faible intensité, la maladie des novices ou de ceux qui ne sont pas amarinés. Nous l’avons mis à la barre, il a mangé un peu et nous lui avons indiqué qu’il est loin le temps des moqueries à propos du mal de mer. Bien sûr, dès qu’il a été plus vaillant nous lui avons proposé notre médecine habituelle pour parfaire sa guérison. Pour les manœuvres, Françoise et Jean-Yves ont assuré le coup, vu qu’ils connaissent parfaitement Barr Awell.

DES TRAVAUX BÉNÉFIQUES

Tous ceux qui ont donné la main tout au long des travaux consécutifs des avaries passées peuvent se féliciter : Bien sûr, les sensations sont souvent trompeuses, mais Barr Awell, semble mieux marcher: Les mâts, superbement réparés sont bien mieux calés et l’énergie vélique ne subit plus de « perte en ligne » par amortissement des pressions sur des voiles qui sont elles-mêmes mieux ajustées sur tous les espars où elles sont gréées. Barr Awell marche mieux : la mer plate que nous avons eu permet de s’en rendre compte plus précisément. Ainsi, avec un vent de force 3, malgré le remorquage de la petite prame (cela freine beaucoup), nous avons eu des pointes (brèves c’est vrai) à six nœuds. Lundi, malgré la ligne de traîne de Jean-Pierre (qui n’a pris aucun maquereau ; mais c’est bien de persévérer !) la performance du bateau a continué à sembler meilleure alors que le thermique était un peu plus établi. Il faut aussi compter avec le carénage qui ne manque pas d’avoir un rôle dans ce constat. Merci donc à ceux qui ont bossé dur et qui n’ont pas encore profité de la convalescence du canot.

ENVIES DE CROISIÈRE

Il a fait si beau toute le dimanche, qu’on s’est pris à imaginer des sorties en « camping nautique ». Celles-ci seraient aisément réalisables à condition de prendre quelques précautions d’équipement du style réchaud, matelas et duvets. Elles permettraient aussi d’épargner les chauffeurs qui doivent nous convoyer au beau milieu des embouteillages d’été… Dimanche, c’était grande parade devant un public bienveillant qui applaudissait chacune des embarcations. Nos amis de Ploumanac’h ont, comme il y a deux ans, organisé notre accueil avec soin et nous avons pu profiter d’un gros semi-rigide pour être débarqués à temps pour un goûter de crêpes et de cidre. La parade devait nous amener jusqu’à la pointe du Château à Perros-Guirec. Le vent étant de la partie nous avons été reconnaitre le superbe mouillage de l’isle aux Moines avant d’embouquer à nouveau le chenal de Costaérès, pile à l’heure indiquée par nos organisateurs.

LANGOUSTINES SUR LE PLATEAU

Lundi Paul et Jean-Pierre ont remplacé Jean-Yves et nos deux tourtereaux. Ces derniers ont repris la route du GR 34 autour du Bro goz ma zadou. Le vent, coupé de nombreuses « molles », nous a traîné jusqu’à Trégastel avant de se lever pour le meilleur rendement de Barr Awell. C’était l’occasion bien rare, alors que la houle et le noroît interdisent trop souvent le passage, de faire route par Toull ar Peulven. Ce chenal tordu longe d’abord l’isle Losket par le Sud, avant de laisser petite Molène et la cardinale sud « Ar Gouredec » sur tribord, puis Milliau sur bâbord. Après ce zigzag dans les cailloux, il reste à parer Roc’h Vihan et Roc’h Vraz, An Taro Braz (en se méfiant de cette saleté de Bazenn ar Pesto) pour rejoindre Kigner (Si vous ne voyez pas, allez voir la carte que vous avez affichée dans votre salon ou celle qui reste dans votre canot). Le plaisir est d’autant plus fort que les isobathes pointillées dessinées par le SHOM (carte 7124L) indiquent que dans toute cette zone, les sondes sont incertaines * ! Bon, la marée haute minimise la difficulté, mais quelle chance d’admirer de plus près ce merveilleux rivage. Bien sûr, après que Paul nous ait montré qu’il ne perdait pas la main à la godille nous avons décompressé de tant de soleil et de mor glaz dans notre bistrot favori…
S’agit de faire le point quand on est bien chaud et que la mémoire est fraîche.

*Rions un peu : les derniers levés (au plomb) du SHOM pour l’abord de l’isle Losket et de la baie de Lannion datent de… 1837 ! Ceux de Toull ar Peulven/Trébeurden/Molène de 1929-1931… On est loin de la bathymétrie moderne, avec les sondeurs multifaisceaux, l’acoustique sous-marine, l’altimétrie satellitaire.