Les Flambarts
Le terme Flambart est probablement d’origine normande, région où s’est développé ce type de gréement. Il s’applique à un bateau de petit tonnage gréé de deux mâts, portant des voiles au tiers: une misaine et un taille-vent bômé. Un foc sur bout dehors.
Barr Awel
Les flambarts de Locquémeau possédaient un tirant d’eau important, des fonds assez plats, une étrave étroite et portaient à l’étrave une belle « moustache » blanche. La plupart des flambarts de Locquémeau étaient polyvalents et pratiquaient des pêches en alternance saisonnière : pêche au maquereau, pêche au chalut et pêche à la sardine. Cette dernière étant spécifique au port de Locquémeau qui fut le seul port sardinier des côtes nord de Bretagne.
Le Barr Awel
caractéristiques :
  • longueur : 6,90 m.
  • largeur : 2,40 m.
  • tirant d’eau : 1,40 m.
Barr Awel

La flottille de pêche de Locquémeau a compté jusqu’à cinquante bateaux environ. Ces bateaux ne mesuraient pas plus de sept mètres de longueur, soit la mesure minimum qui permettait de pêcher au chalut à perche (la perche du chalut équivalait à la longueur de coque du bateau).

chalut à perche

L’immatriculation des bateaux a évolué avec d’abord le ‘L’ de Lannion au cours du 19ème siècle, ‘LAN’ en 1892, puis ‘LA’ en 1926 et enfin ‘PL’ depuis 1963 , pour traduire le changement de quartier à Paimpol.

flambarts au port
La pêche à la sardine

De la fin du 19ème siècle au début des années 1950, c’était une des principales activités du port. Cette pêche était saisonnière. Les sardines apparaissaient généralement en baie de Lannion vers la fin du mois de juin et la quittaient vers le début du mois de novembre.

Les sardines étaient pêchées au filet droit. C’était une nappe rectangulaire en fil de coton très fin mesurant 40 mètres de long et 10 mètres de large ayant des mailles carrées variant de 10 à 14 mm de côté selon la taille des sardines repérées. On l’appelait « Filet bleu » car il était teinté par un bain de sulfate de cuivre qui le protégeait de la pourriture et le rendait peu visible une fois immergé

Ce filet était maintenu vertical grâce à deux galets fixés aux extrémités de la ralingue inférieure et des morceaux de liège fixés à la ralingue supérieure.

pose du filet bleu

La pêche se faisait depuis une « annexe », canot de 2 à 3 mètres de long environ. Le Flambart se contentait de croiser dans les parages.

Deux hommes occupaient cette annexe. L’un tenait le canot « bout au vent » (il ramait de telle sorte que le canot avance en direction du vent). Le second laissait filer le filet en jetant de la « bouette » (de l’appât le plus souvent constitué de rogue de morue importée de Norvège) de part et d’autre du filet.

Lorsque le filet était chargé en sardines (lorsque les lièges s’enfonçaient dans l’eau), il était récupéré à bord du flambart et un autre filet était mis à l’eau depuis l’annexe.

Démaillage des filets
La pêche au thon
Les bancs de sardines étaient suivis de gros prédateurs, les thons et les requins. Dès 1946, des plaisanciers dont certaines célébrités comme Ernest Hemingway s’installèrent dans la région et s’adonnèrent à la pêche au gros. Le pêcheur plaisancier était harnaché sur une chaise tournante montée à l’avant du bateau. Une fois ferré, remonter le poisson à bord pouvait prendre 2 heures.
Thon de 200 kg
La sardinerie

Les sardines ainsi pêchées étaient traitées sur place. A cette fin, le port de Locquémeau a hébergé deux sardineries : La sardinerie Armelin qui était située à l’emplacement de l’actuel parking du port, et la conserverie de la baie de Lannion dont les bâtiments sont aujourd’hui occupés par le magasin d’antiquités « Le fou de Bassan ».

bande de conserverie

Aussitôt débarquées des bateaux, les sardines étaient rapidement transportées à la conserverie.

Intérieur de la sardinerie

La première opération était l’étêtage et l’éviscération effectuées manuellement par des ouvrières.

Après un rapide rinçage à l’eau, les sardines étaient soumises au saumurage par immersion durant 20 mn dans une solution d’eau de mer à laquelle avait été ajouté du sel.

À l’issue de cette opération, les sardines étaient rincées à l’eau de mer puis séchées durant une heure à l’air chaud dans des séchoirs.

Elles étaient ensuite cuites par friture dans l’huile durant 1 à 2 minutes puis mises en boite après refroidissement. Cette opération était effectuée à la main.

À l’issue de cette opération, les boites étaient stérilisées et prêtes à la vente.

Boite de sardines de Lokemo
Tonnage des dernières pêches à la sardine
années tonnages (tonnes)
1945 250
1946 300
1947 240
1948 70
1949 26
1950 128
1951 30
1952 90
1953 110